Hé ben oui. C'est comme ça, l'ami. Consternation. Je sais.
Et le pire est à venir : j'ai bien aimé.
Alors c'est sûr, je suis pas un fan, loin s'en faut, je connaissais pas les paroles, j'ai pas sauté pendant deux heures en hurlant chaque chanson, encore moins reconnu les intros de tel ou tel tube, et surtout pas applaudi à s'en faire exploser les paumes à la fin des singles.
Le type qui était à côté de moi s'en est chargé. Il se trouve juste que c'était mon frère.
Mais j'ai aimé, il faut l'assumer. Moi, quand on me propose un défilé de John Galliano, mixé avec du Chantal Goya, le tout réalisé par Michael Bay ou Roland Emmerich, je dis "faut voir". C'est sûr, par contre, qu'il faut pas espérer entendre le mot "nuance" dans la bouche des fans...
Faut dire qu'entre la troupe de danseurs bâtis comme des lutteurs, les décors à la Ben Hur version urban style, les costumes mécaniques et les plateformes à faire hurler Johnny de jalousie, tu comprends le prix du billet. Ou presque.
Donc, plein la gueule. Plein les oreilles, aussi, mais ça on le savait. C'est un concert. Si t'as pas d'acouphène à la sortie, c'est que t'as passé une mauvaise soirée.
Mais j'ai aimé.
Parfois, même, j'ai crié, moi aussi. Quand elle a dit "in France, you all have big cocks", là oui, j'ai accompagné la ferveur populaire d'un rugissement bestial.
Et puis elle le méritait. Elle est généreuse, cette fille-là. 89 "cheu fous aime mei peti monsterrrrrzzz", 157 "cheu viou eudoowwweee peurisssss". C'est moins que Madonna, à ce qu'on m'en a dit. Mais elle, elle le dit vraiment, c'est pas du playback. Même quand elle chante, dis donc.
Oui, un truc de fou : elle chante vraiment. Elle a même plutôt une bonne voix. On a eu droit au fameux interlude au piano que tous les critiques citent : "j'ai une voix, moi, les mecs, contrairement à ce que laissent croire mes chansons, et je sais même jouer d'un instrument de musique".
En tout cas, moi, de la part d'une chanteuse de techno, il en fallait pas plus pour me sidérer.
Reprise de "stand by me", plus deux titres à elle. Bien chantés, audibles, tout ça. Un truc de dingue. Avant, après, t'entends plus sa voix, mais c'est pas grave, à un moment t'as entendu quelque chose, et c'était juste.
Alors, bien sûr, même au piano, même a capella, ça se finit à quatre pattes, en utilisant d'une étrange façon les chandeliers en toc qui sont autour d'elle.
Faut pas oublier que c'est une freaks, qu'elle démolit l'establishment à grands coups de chansons. Mais quand même, le coup des chandeliers, c'était pas forcément nécessaire, on avait déjà bien compris qu'elle était en révolte avant. Quand elle remuait sa tête entre les cuisses de ses danseurs, par exemple.
Mais quand même, une vraie performance.
Y a un moment, peut-être, où je me suis dit que c'était too much : c'est le coup du Gozilla en latex, qui la caressait avec ses tentacules, pendant que son soutif et son panty crachait des feux d'artifice.
J'ai pas bien compris le rapport avec la chanson, "Paparazzi". Mais ça donnait.
Enfin bon, le reste du public s'en foutait, de tout ça. Ils l'ont aimée. Très très fort.
Surtout quand elle a crié "i love you all, my french gay boyyyzzzzzzzz !!!!".
C'est sans doute à ce moment là que la salle a hurlé le plus fort...
Quel chouette concert.